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lundi 19 octobre 2015

Cheminer vers l'autre - une bifurquation étonnante

J'ai passablement écrit sur mon cheminement vers les personnes d'orientation homosexuelle.
Aujourd'hui, je me trouve embarquée sur un autre chemin, celui vers mon prochain musulman. En fait, ce n'est pas tout à fait exacte de dire "je me trouve embarquée." Ce serait mieux de dire, je me suis trouvée propulsée devant un choix, par des circonstances de vie: aller vers, ou aller contre mon prochain musulman.

J'ai fait le choix d'aller vers lui/elle en commençant par un chemin de découverte de sa foi, de son livre sacré aussi. J'ai aussi fait le choix de partir avec, comme compagnons de route, des auteurs qui traite le sujet avec respect, ouverture et sérénité et non pas en réaction à l'E.I.

Alors, j'ai commencé avec le livre de Miroslav Volf: Allah, a Christian response. (Allah, une réponse chrétien.) Wolf écrit à partir d'un respect pour les musulmans qu'il a appris chez son père, pasteur pentecôtiste.

Wolf examine et argumente de façon rigoureuse pour répondre à la question, Est-ce que musulmans et chrétiens croient au même Dieu? Pour lui, ce n'est pas une question de "juste ou faux," mais d'en tirer les conséquences dans notre façon de vivre côte à côte. Pouvons-nous, au nom du même Dieu et au nom des deux plus grands commandements, appelés le règle d'or, oeuvrer ensemble dans le respect et la paix? Pour moi, ce livre tombe à pic pour l'Europe face aux vagues de réfugiés de la Syrie et de l'Iraq.

J'ai appris énormément dans ce cheminement. Parfois j'ai été fort surprise par certains faits historique. Par exemple: Volf fait référence au point de vue de Martin Luther, pour qui la polarité n'est pas entre chrétiens d'un côté et musulmans de l'autre. Il s'agit plutôt d'une opposition entre, d'un côté, ceux qui ont une connaissance juste de la façon dont Dieu et l'homme peuvent vivre en relation et de l'autre, ceux qui n'ont pas cette connaissance ou pratique. Dans cette catégorie, pour Luther, se trouvaient la majorité des chrétiens, les musulmans, juifs etc.!

Autre fait étonnant: Dans un sermon livré en 1544, Luther a félicité les Turcs d'avoir surpassé les chrétiens en faisant des œuvres de miséricorde, car les musulmans considère comme un crime honteux de ne pas partager son pain avec son prochain qui a faim. A remarquer que Luther a dit ceci alors que l'armée turque venait d'assiéger Vienne et toute l'Europe tremblait devant elle!

Au prochain article, sur le même livre!
Source: Allah, a Christian response, Miroslav Volf. HarperCollins 2011. Ch 3. My translation.

lundi 24 novembre 2014

Savoir rester un moment à Gethsémani

Les oliviers du jardin de Gethsémani (Crosschurch)
Je viens de terminer le livre de N.T.Wright intitulé: The challenge of Jesus. On pourrait dire beaucoup de choses par rapport à ce livre, mais je m'arrêterai sur deux choses: l'attitude avec lequel écrit l'auteur, de tout son cœur et de toute sa pensée.

La deuxième a été inspiré par le dernier chapitre du livre: suivre Jésus-Christ, ce n'est pas seulement un appel à incarner une vie vraiement humaine, comme Jésus l'a fait, mais aussi à vivre l'appel à un chemin de croix: encore une fois, comme Jésus l'a fait. Ce n'est pas un chemin facile à entreprendre, car il nous amène en plein dans la souffrance de notre monde, de notre prochain et de nos proches.

Hier, dans Sacred Space, la méditation portait sur un texte bien connu dans Matthieu 25, dont je ne citerai qu'une partie...

… Alors, les justes lui demanderont:
«Mais, Seigneur, quand t'avons-nous vu avoir faim, et t'avons-nous donné à manger? Ou avoir soif, et t'avons-nous donné à boire? Ou étranger et t'avons-nous accueilli? Ou nu, et t'avons-nous vêtu? Ou malade ou prisonnier, et sommes-nous venus te rendre visite?»
Et le roi leur répondra:
«Vraiment, je vous l'assure: chaque fois que vous avez fait cela au moindre de mes frères que voici, c'est à moi-même que vous l'avez fait.»


Ce que j'ai pris de ce texte pour ma route, c'est que Jésus s'identifie complètement avec les souffrants.  En plus, si je veux le trouver, ce sera au milieu d'un monde qui souffre, ou à côté de quelqu'un qui souffre. Notre appel est d'accepter de rester avec dans le lieu de souffrance alors que tout en nous préfère se sauver.
Seigneur, aide-moi à te discerner dans ces lieux-là, dans ces personnes-là.

mercredi 12 novembre 2014

Un brin de folie, s.v.p.

Il y a 10 jours, je suis tombée sur un blog intéressant par rapport à l'actualité. Il s'agit de Question suivante, et c'était au sujet de l'E.I. qui, jusqu'en juin cette année ne figurait sur aucun écran de radar du commun des mortels en occident. Je cite:
Revenons à nos jeunes volontaires occidentalisés. Qu'ont-ils laissé derrière eux! Une société plutôt stable, la possibilité d'un emploi, une certaine intégration et un certain confort. Mais aussi... une société qui vit dans l'instant présent, la consommation, et une grande difficulté à construir un sens. On a coupé le rapport au passé... l'avenir est incertain et l'éternité hors de question.
A l'inverse, l'EI propose un engagement collectif, une possibilité de changer le monde de manière durable, et des promesses d'éternité... Ce que cela doit nous apprendre, c'est qu'on ne peut pas sans risque évacuer tout discours sur le sens.
Flou, tolérance molle, passivité, tiédeur et assurances d'un côté; clarté, conviction, passion et action de l'autre. Du "risky living" quoi.

Quelques jours plus tard je participe à une journée de la FREE (Fédération romande des Églises évangéliques,) avec comme orateur Stuart Murray, dont le message pourrait se résumer à ceci: se trouver en position de minorité est une chance pour l'Église, même si cela nous est peu confortable, car cela permettra un retour à l'essentiel et un retour à suivre Jésus-Christ de façon radicale, avec passion!

C'était un appel à innover, à expérimenter, à se lancer dans des chemins inconnus, en somme à prendre des risques pour sortir du carcan  de la chrétiéneté et se mettre au diapason de la culture qui nous entoure. Ce message, les Églises de la FREE l'ont entendu de part et d'autre depuis plus de six ans. Cette année le thème a été lancé par Becky Pippert avec l'image parlante du sel HORS de la salière. Il me semble qu'on sait plein de choses sur le pourquoi et le comment "faire autrement."

Aujourd'hui,  me semble-t-il, nous avons surtout besoin d'un brin de folie pour risquer une mise en pratique de tout ce savoir qui finalement commence à peser un peu lourd.


lundi 22 septembre 2014

Le défi de l'Évangile face à l'EI et le terrorisme

 Traduction du blog: 1 John, ISIS and the Gospel versus Terror, de Alice Su, sur le GWBlog

Textes qui ont nourri la pensée du journaliste, et qui lui ont donné le courage de rester au milieu de la haine et de la souffrance, et de découvrir l'amour pascal.

En effet, voici le message que vous avez entendu dès le commencement: aimons-nous les uns les autres. Que personne ne suive donc l'exemple de Caïn... Mes frères, ne vous étonnez donc pas si le monde a de la haine pour vous.
Quant à nous, nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie parce que nous aimons nos frères. Celui qui n'aime pas demeure dans la mort. Car si quelqu'un déteste son frère, c'est un meurtrier, et vous savez qu'aucun meurtrier ne possède en lui la vie éternelle.
1 Jean 3:11 à 14

L'Eternel dit à Caïn:
"Pourquoi te mets-tu en colère et pourquoi ton visage est-il sombre? Si tu agis bien, tu le relèveras. Mais si tu n'agis pas bien, le péché est tapi à ta porte: son désir se porte vers toi, mais toi, maîtrise-le!"
Mais Caïn dit à son frère Abel:
"Allons aux champs."
Et lorsqu'ils furent dans les champs, Caïn se jeta sur son frère Abel et le tua.
Genèse 4: 6 à 8


Ces derniers temps, j’ai peur. Je pense aux meurtres de James Foley, Steven Sotloff, et beaucoup d’autres journalistes et des millions d’enfants, de femmes, d’hommes, de frères, d’oncles, de meilleurs amis, de voisins ; en Syrie, au Gaza, en Iraq, en Egypte, au Soudan et encore. Je ne peux pas m’empêcher de sentir que la mort se tasse à ma porte, au coin de la rue, sur le pas de la porte de tous les journalistes, de tous les civiles, de trop de personnes qui me sont devenues chères, et des milliers que j’ai encore à rencontrer.  Tous ceux que je connais portent des blessures profondes. La haine et la peur sont dans l’air et les choses sont en train de s’empirer.
Comment les chrétiens réagissent-ils au terrorisme ?
-          Aime ton prochain et prie pour ceux qui te persécutent. -  Vraiment ?...
Je prie en colère à la fin de chaque journée ; pourquoi le monde est-il si sombre, et moi je ne peux rien faire pour y remédier ? Je n’ai rien à donner à mes amis…
Et puis une pensée traverse mon esprit : Tu as l’Evangile, habibti*
Qu’est-ce que l’Evangile ? Que peut-il contre tant de mal ? Il ne promet aucun changement dans les circonstances de mes amis.
Je lis beaucoup la Bible ces jours-ci. Et plus je la lis, plus radicale elle m’apparaît. Le message de la Bible signifie une vie avec Dieu, qui implique un changement complet: vivre dans l’amour à la place de la haine ou de la peur.
« Voici à quoi ressemble l’amour : Jésus Christ a donné sa vie à notre place. Nous devons donner nos vies pour nos frères. » 1 Jn 3 :16
Aimer plutôt que haïr ou craindre.
Aimer : se sacrifier, penser aux autres avant moi-même, renoncer à la vie pour le bien de ceux qui  veulent nous tuer…
Ces mots, je les ai vus brodés sur des coussins et des cartes de vœux, et  lancés en l’air dans des milliers de sermons. Je me trouve maintenant en train de regarder une vidéo faite par des êtres humains à quelques heures de distance de moi. Un homme, vêtu en orange est agenouillé par terre à côté d’un autre homme en cagoule qui le force à prononcer des mots qu’il ne veut pas dire… et puis il lui tranche la tête, la tête de son frère humain.
Je pense à Caïn et Abel.
Je pense à Jésus.
Je me dis, être chrétien veut dire que je donne ma vie pour cet homme en cagoule ?
Je me dis, ça n’a aucun sens.
Dernièrement je trouve le message de l’Évangile choquant. Si tu prends Christ au mot, voici ce qu’il dit : « Donne ta vie pour ton frère. Donne ta vie pour celui qui veut te tuer. N’entre pas dans la violence en retour. Ne t’enfuis pas. Bénis, sers et donne.
Mais je pourrais mourir, je me dis.
Oui - donne ta vie et renais, me répond le Christ.
Je réplique : mais non, je veux dire, je pourrais mourir, physiquement.
Christ : De toute façon tu mourras. C’est OK.
Moi : Non, je ne mourrai pas !
Christ : Regarde autour de toi.
Je ne sais pas comment, mais pendant que je prie je deviens convaincue que Dieu n’est pas contre nous mais Il est POUR nous. Le monde brûle, mais c’est parce que nous sommes contre nous-mêmes. Me soumettre à Dieu veut dire se sacrifier ; ce n’est pas le jihad, mais c’est comprendre que Dieu vaut plus que ma vie… Et si cela est vrai, alors je meurs. Je donne ma vie entière, comme il l’a fait lui-même. Non pas comme un guerrier, mais comme un agneau. Nous devons donner nos vies à nos frères et sœurs pour qu’ils ne se sentent pas seuls, pour qu’ils puissent espérer encore…
Je les vois avancer comme des brebis pour être abattus, et je prie : Seigneur, donne-moi la grâce et le courage de faire pareil.
L’Evangile nous appelle à mourir ; non pas pour faire descendre d’autres, mais pour les élever. Cela n'a pas de sens. Cela ne t'offre aucune sécurité, mais c’est la façon du Christ. Quand nous savons cela, quand nous le goutons, nous avançons dans la joie sur un fleuve qui coule de Lui à travers nous vers les autres. Nous nous sentons tellement vivant, même si nous mourons demain, ou après-demain.
Nous n’avons pas peur.
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Je termine simplement en observant que c’est la parole de Dieu qui a été le moyen pour Alice de s’inspirer de Christ et de puiser dans sa force d’amour. Des milliers de personnes n’en ont pas la possibilité ; la Parole n’est pas encore traduite dans leur langue. Contribuer à ce que cela change, c’est un moyen de semer l’espoir dans ce monde qui brûle.

mercredi 11 juin 2014

Pratiquons-nous la mission de façon athée ?

Je viens de lire un article décoiffant dans la revue Evangelical Missions Quarterly qui pose cette question-là. L'auteur, Cody Lorance, travaille avec le Global Diasporas Network près de Chicago, E.U. Cela ne promet rien de spectaculaire, êtes-vous en train de penser? Je vous cite quelques éléments que, je pense, vont vous faire changer d'avis.

"Dans quelle mesure pouvons-nous, responsables de mssion, dire aujourd'hui que si Dieu ne garde pas ses promesses, nos plans et nos efforts vont complètement échouer? Avons-nous créé des stratégies avec sureté intégrée qui nous permettent d'atteindre nos buts même si nos prières ne sont pas exaucées, même si Dieu ne fait rien d'extraordinaire? Dans la pratique de la mission aujourd'hui, sommes-nous devenus des athées fonctionnels?"

Même si l’article est écrit aux responsables d’agences missionnaires, ces trois questions me paraissent d’une importance capitale pour nos Églises en Suisse romande, tous courants confondus.

Hier j’ai participé à une journée de conférences par le docteur N.T. Wright à l’Université de Fribourg intitulée Paul et sa théologie dans son contexte historique. En répondant à une question sur la place de la mission dans les écrits de Paul, il a relevé le fait qu’il en dit très peu ! Par contre, la vie radicalement différente à laquelle il a appelé les chrétiens de l’Église primitive, (comme conséquence de leur appartenance à un nouveau monde et une nouvelle alliance,) était si remarquable aux yeux de leurs contemporains – même leurs pires ennemis – que l’Église a grandi de façon exponentielle, en dépit de la persécution !

Pour des livres de N.T. Wright / Tom Wright en français, voir

mercredi 28 mai 2014

Etre centré sur Christ - comment le vivre?


Aujoud'hui ja' dû me préparer en vue de présenter un projet aux anciens de ma communauté. Je vous livre ma réflexion, qui soutient une proposition de démarche concrète...

Moi, je suis le bon berger; je connais mes brebis et mes brebis me connaissent… J'ai encore d'autres brebis qui ne sont pas de cet enclos. Celles-là aussi, il faut que je les amène; elles écouteront ma voix, ainsi il n'y aura plus qu'un seul troupeau avec un seul berger. Jean 10 : 14, 16

Comme des bergers, prenez soin du troupeau de Dieu qui vous a été confié… soyez les modèles du troupeau. 1Pi 5:2

Centré pour le connaître
Sans se plonger dans la Parole, on ne peut pas le connaître, on ne peut pas le découvrir. Sans le connaître, on ne peut pas reconnaître sa voix. Sans le connaître on ne peut pas avoir une vision juste de Dieu. Sans le connaître on ne peut pas le suivre. Le connaître, c’est découvrir ce que cela veut dire d’être pleinement humain. Jésus-Christ est notre modèle.
Centré pour le suivre
Le suivre, c’est mourir à soi-même, c’est prendre sa croix. Suivre Jésus-Christ, c’est nous laisser modeler sur lui et par lui. Suivre Jésus-Christ, c’est aller là où il va. Suivre Jésus-Christ, c’est voir les choses de son point de vue. Le suivre veut dire lui faire complètement confiance quant à mes besoins, quant au chemin et quant au but. Le suivre, c’est être avec lui dans ce qu’il fait. Le suivre, c’est lui obéir par amour.
Centré pour être à son affaire
La mission de Jésus-Christ, c’est la mission du Père, et c’est la mission de l’Esprit qui nous habite pour nous permettre de le connaître et de le suivre. L’affaire de Dieu, c’est de chercher et de sauver ceux qui se perdent parce qu’ils ne le connaissent pas, ou ne veulent pas prendre son chemin. Etre à l’affaire de Dieu, c’est faire découvrir Jésus. Etre à son affaire, c’est être envoyé par lui, comme Il a envoyé Jésus – dans le monde.
Les disciples étaient des compagnons de route qui, autour de Jésus lui-même, apprenaient, découvraient et agissaient ensemble.

PROPOSITION : Des groupes de compagnons de route, centrés sur Jésus-Christ pour le connaître et pour le faire connaître.
BUT : Mettre des pieds à notre vision, "centrés sur Christ" – nous mettre en route ensemble.