mardi 6 septembre 2011

19 août - pélerinage à Ouida

Pensée du jour, trouvée sur le sac en plastique de mes commissions...
Life is what you make of it 
La vie dépend de ce que tu en fais.

La consultation s'est terminée en beauté avec une journée de pèlerinage théologique. Nous sommes partis à Ouida, centre historique du Voodoo et de la traite de nègres, où CINQ nations ont créé des forts pour cette sombre activité. Pour moi, c'était une expérience transpercée de tristesse, d'horreur et de... grâce: Vous verrez pourquoi.
Seul le fort portugais a été conservé jusqu'à nos jours. Dans l'enceinte, une chapelle catholique, et à côté, un lieu riche en symboles de notre pauvreté spirituelle: une sculpture qui démontre sur les bords des images de forts, au centre les cinq clous qui ont percé Jésus, et autour de la sculpture des canons. Le chef du peuple de la région, après avoir fait des descentes dans les villages de l'intérieur pour kidnapper hommes et femmes, recevait un canon pour15 esclaves mâles, et un canon pour 21 esclaves femelles. Qu'il ait été contraint d'agir ainsi, c'est clair; les peuples européens sont les premiers coupables. Mais en même temps, sa cupidité et soif de pouvoir lui ont facilité la tâche. Ce n'était pas non plus un cœur tendre.

Les esclaves retenus comme étant capables de supporter le voyage passaient 2 semaines couchés par terre dans ce cour, serrés comme des sardines, par tous les temps. S'ils survivaient cette épreuve ils étaient enchainés l'un à l'autre et conduits vers les bateaux, un chemin de plusieurs kilomètres, semés de rites et de nouvelles épreuves. Ceux qui étaient trop faibles été transformés en nourriture pour les crocodiles qui nageaient dans le fossé qui entourait le fort pour empêcher toute tentative de fuite.



Sous cet arbre, une statue sans tête: c'est la Porte du Retour. Les esclaves devaient tourner autour de l'arbre pour oublier leur passé, leur pays, leurs familles, mais aussi pour proclamer le retour de leur esprit après la mort, d’où l'absence de la tête du statut.
Plus loin, nous voici devant le Mur de Lamentation érigée au dessus d'un énorme fossé où on jetait les esclaves morts en route, ou trop faibles pour continuer jusqu'aux bateaux; on les jetait, morts et vivants.



Finalement on arrive à la Porte du NON RETOUR: d'abord le monument de l'UNESCO pour marquer ce lieu de patrimoine universel, et ensuite le monument béninois avec sa sculpture éloquente. Il paraît que certains esclaves se jetaient par dessus bord des pirogues qui les amenaient vers les navires: Plutôt se noyer que de vivre comme esclave. Seulement, comme ils étaient tous enchaînés, ce n'était pas seulement celui qui se jetait qui finissait sa vie sous les flots.
Et à côté du monument de l'UNESCO, un monument à l'honneur des premiers missionnaires, des prêtres catholiques, qui ont passé sous silence cette sinistre activité. De quelle théologie étaient-ils animés? Mais ne leur jetons pas la pierre: de nos jours des régimes soi-disant chrétiens font autant de mal à des peuples ailleurs que chez eux, mais le mal est bien camouflé pour coller l'étiquette ailleurs. Je partageais mon trouble intérieur avec mon frère camerounais, Michel, en me demandant quelle poutre se trouvait dans mon œil, dans ma théologie. "Ne t'en fais pas, Jane; ça c'est de l'histoire. Et puis, ces prêtres nous ont quand-même apporté l'Évangile, et cet Évangile a fait son travail."
CA, mes amis, ça c'est de la grâce! Ca c'est le pardon, et l'amour de la bonne nouvelle de Jésus Christ! J'en étais sidérée.

La vie, c'est ce que tu en fais. Les esclaves ont composé au creux de leur souffrances, ces chants puissants, remuants, entraînants, les "negros spirituals". Esclaves dans leurs corps, mais libres en esprit. Michel a décidé il y a longtemps de pardonner aux blancs leur pillage du continent africain. Aucune trace d'amertume en lui. Et moi? J'ai accepté son pardon! Nous sommes libres tous les deux pour avancer et aimer.

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