Piégés par les mots

Je rentre d'un week-end fort intéressant: le Forum des Évangélistes (FDE). Cette association existe pour encourager et faire connaître le don, le service/ministère, de l'évangéliste en francophonie.
Le fait que j'y assiste était un peu un "accident", du genre dirigé par Dieu, mais Il n'a pas apposé sa signature! Je me considère "évangéliste dans l'âme," c'est à dire passionnée par la mission de Dieu de partir à la recherche des êtres humains, tous paumés que nous sommes! Mais je n'ai jamais été identifiée officiellement comme une évangéliste. C'était, donc, une première pour moi.

Par un autre "accident" du genre déjà mentionné, mais aussi de mon plein gré, je me suis trouvée au  programme pour animer un "aéropage", chose inconnue pour moi jusqu'à ce week-end! Cela repésentait 15 minutes où j'étais libre de dire ce que je voulais, en lien avec le week-end, bien sûr. Mon titre était le même que celui ci-dessus... piégés par des mots.

C'est que nos mots donne forme à nos pensées, puis à nos attitudes et ensuite à nos actes/omissions. Mais tout cela se passe inconsciemment pour la plupart du temps. Il faut faire un effort conscient de défier l'utilisation de tel mot pour tel concept. Et dans le domaine de la transmission du message du Christ, cela est d'une importance capitale.


J'ai découvert, lors d'un atelier que j'ai nommé SAVEURS, que je ne suis de loin pas la seule personne piégée par l'image que le mot évangélisation évoque dans ma tête. D'où l'importance de confronter ces images et les mots qui les génèrent pour redécouvrir ce que cela veut dire d'être envoyé par, et comme, Christ: Comme le Père m'a envoyé, je vous envoie. Jean 19:20. On pourrait objecter, "mais je ne suis pas Jésus, moi!" Mais Jésus a déjà prévu le coup, car il continue: reçois mon Esprit. On n'est pas largué par le Maître, on est accompagné de l'intérieur comme de l'extérieur.

Comme... de la même façon dont Jésus a été envoyé, cela veut dire quoi, ça? On n'est pas enlevé par un commando d'anges pour ensuite redescendre du ciel, donc... Attendez, peut-être quand-même suis-je appelé à descendre, dans le sens quitter (sans délaisser) mon cercle d'amis chrétiens, quitter la sécurité des quatre murs de notre lieu de culte, quitter les lieux célestes où je suis assise avec Christ, comme Lui a quitté le Père? Pour revenir sur terre, dans l'insécurité et la vulnérabilité de la compagnie de ceux que je ne sais pas trop comment cotoyer; pour être plongé dans leur pétrin, qui parfois pue un peu trop fort pour mes goûts. Pour finalement apprendre à voir ceux qui m'entourent avec un regard tinté du regard du Christ, pour enfin prendre plaisir à les aimer?

Et tout d'un coup on est à des lieux de l'image que le mot "l'évangélisation" a évoqué dans mon esprit. Alors, peut-être faut-il largué le mot?